Une envie sur le front et l'étoile au frontchez Raymond Roussel

抄録

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Né dans une famille de la grande bourgeoisie, prodigieusement gâté par samère et restant effectivement enfant prodigue, Raymond Roussel a passépresque toute sa vie dans un cocon, en toute sécurité. En outre, il était exemptéde la moindre besogne quotidienne ; de nombreux domestiques s'enchargeaient à sa place. Il est toutefois un grand voyageur - il a même réaliséle tour du monde. Au cours de ses déplacements, même s'il dépense beaucouppour améliorer son confort, divers inconvénients sont inévitables. D'où laconstruction de la fameuse roulette automobile pour résoudre ce problème etpour «éviter l'hôtel et l'agacement d'un service ne vient pas au-devant de seshabitudes.»A priori, un tel homme doit être extrêmement sensible à la douleur physique.Cependant, ses textes nous font entrevoir une attitude équivoque sur ce point.Certes, Canterel de Locus Solus invente un traitement pour arracher les dentssans que te patient ne souffre. Mats, Roussel décrit assez souvent des scènessadiques où la douleur domine froidement et où te corps humain est considérécomme un simple mécanisme. Ainsi des quatre Noirs condamnés à mortd'Impressions d'Afrique, consciencieusement torturés et exécutés. Quant àMichel Leiris, jeune ami de la famille Roussel, il se souvient du récit de sapropre mère sur la réaction de ce dernier face à l'enfantement :La douleur physique l' [= Roussel] inquiétait et je tiens de ma mère qu'un jourRoussel l'interrogea longuement sur les souffrances de l'accouchement, s'étonnantqu'elle eût récidivé puisqu'elle lui disait que c'était une chose fort pénible ; vul'époque et la réserve qui était habituelle à Roussel, il fallait que le sujet lui tînt àcoeur pour qu'il crût pouvoir en converser ainsi avec une femme encorerelativement jeune et peu accoutumée à s'entretenir de telles questions.Tandis que ce témoignage rapporte le refus de la douleur, il montre à l'inverse,nous semble-t-il, la fascination de Roussel pour la douleur physique. Desurcroît, il trahit son intérêt pour l'accouchement. En effet, les références à dessujets plus on mains tabous, surtout liés à la fonction du corps féminin,apparaissent à plusieurs reprises dans les textes rousselliens et elles pourraientparfois embarrasser, ou faire sourire, te lecteur. Par exemple, te personnageprincipal du premier épisode de Locus Solus, la reine noire de Tombouctou,appelée Duhl-Séroul, «souffrait parfois de terribles crises d'aménorrhée » (LS,p.11). Il s'agit donc des règles des femmes, plus précisément, de l'absence derègles normales. Ou bien, dans Nouvelles Impressions d'Afrique, notre poèteexprime : «- ;e jour du blanchisseur, / [il ne faut pas prendre] Un drap qu'ontde leur pourpre enrichi des menstrues, / Pour un mouchoir à sang nasal » (NIA,p.37), « - L'enfant qui de travels pousse dans te bassin, / [se demande] S'ilsera de sa mère, en naissant, l'assassin » (NIA, p.13) ou «- Si va lui semblerfort son enfant, l'accouchée / Qui ne s'est, avec lui, pas encore abouchée [sedemande] » (NIA, p.15). Ces expressions peuvent effectivement laisser penserque Roussel est, comme Leiris te qualifie, ingénu. Mats est-ce par simplenaïveté qu'il raconte sans dissimulation l'accouchement ?Il est sûr au moins que ce poète est le célibataire par excellence. Homosexuel,d'ailleurs, il s'épargne la vie conjugale et la reproduction. Sa seuledescendance est un neveu (Michel Ney, futur duc d'Elchingen), comme s'ilimitait de nombreux personnages verniens : Lindenbrock, célibataire éternel,et Axel, son neveu bien aimé. Au niveau artistique, il est compté parmi ceuxqui contribuent à créer un mythe moderne défini par te surréaliste MichelCarrouges : Les Machines célibataires. En tant que tel, il est exclude tout cequi concerne la reproduction dans la réalité. C'est une raison de sa curiositénaïve à l'égard du secret des femmes.En plus, chez Roussel, il y a un phénomène privilégié qui enrichit lesréférences à l'accouchement ; c'est l'envie des femmes enceintes, ou bien sonrésultat, tache apparue sur la peau de l'enfant, appelée également envie. Lesréférences itératives à cette superstition dans ses textes attirent notre attention.Dans Impressions d'Afrique par exemple, il y a un épisode où l'envie de lamère Rut et l'envie sur la peau de la fille Sirdah jouent un rôte important. Quelintérêt porte Roussel à cette envie ? Et Roussel lui-même n'a-t-il pas une tachesur son corps ? Nous ne pouvons nous empêcher de penser à la fameuse étoileau front qu'il prétend avoir eu au début de sa carrière de poète. Mais est-ce quel'une s'identifie à l'autre, cette envie et cette étoile ?

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