Cet article vise a reconsiderer le patriciat tournaisien a l'epoque de la naissance de la commune, en faisant porter notre recherche sur les caracteres des Hommes de Sainte Marie, hommes de l'Eglise de Notre-Dame a Tournai, qui forment un groupe social privilegie et dirigeant la conmune au debut. En plus, nous esperons aussi apporter quelque lumiere sur les origines particiennes, auxquelles on n'a pas suffisamment donner d'attention, jusqu'A present, a l'epoque anterieure a l'apparition de leurs familles: et, apporter quelque lumiere egalement sur le caractere indigene ou regional de la ville medievale occidentale qu'ont commence a remarquer quelques medievistes, comme G. Despy surtout. Tout d'abord juridiquement, les Hommes de Sainte Marie se vouent a la Vierge pour conserver leur liberte personnelle innee ou aquise, et, jouissent de la protection de l'eglise, moyennant le payement du cens capital dit cavagium comme contre-partie. On pourrait dire donc que leur liberte protegee par l'Eglise et leur dependance vis-a-vis de l'Eglise sont liees etroitement l'une a l'autre; on remarquera plus tard le meme etat de chost dans leurs conditions sociales ou economiques. Les Hommes de Sainte Marie, dont les premiers membres se composent des cives qui sont rapatries de Noyon a Tournai vers le debut de 10^e siecle, et, des milites ingenui qui sont arrives dans cette ville avec l'eveque Fulcher en 954, sont a la fois proprietaires fonciers et commercants s'occupant du commerce local autant que de celui a longue distance. Leurs situations economiques les ont amenes a monopoliser les postes d'echevin qui dependent de l'Eglise de Notre-Dame, et, a se faire octroyer l'exemption des tonlieux. Mais on pourrait remarquer, dans ce cas, que ces privileges sont toujours conditionnes par la qualite des Hommes de Sainte Marie, c-a-d. par la sujetion a l'Eglise. Si nous regardons leurs rapports avec les couches dominantes ou avec les autres habitants de la ville, nous pouvons voir qu'ils occupent divers offices domaniaux, seigneuriaux ou bien feodaux ches les seigneurs regionaux, qu'ls conduisent leurs membres dans les etablissements religieux, et qu'ils participent au systeme administratif urbain de l'eveque, comme on le constate explicitement dans le cas de la famille de le Vigne; parallelement, ils sont en rapport etroit, particulierement par les interets economiques, avec des bourgeois inferieurs ou avec des habitants ruraux des environs de Tournai. Le caractere local, seigneurial ou feodal des Hommes de Sainte Marie qu'on vient de montrer, nous donneraient, assez de raisons pour critiquer les opinions de H.Pirenne concernant la formation de la ville medievale. Cependant, ce qu'or doit souligner a propos de notre sujet, ce serait les deux points suivants : premierement, tont en ayant contribue certainement a etablir les libertes bourgeoises, les privileges des Hommes de Sainte Marie se sont en fait appuyees sur les relations dependantes ou synallagmatiques avec l'Eglise. En d'autres termes, leur statut juridique, economique et social montre les deux aspects de "liberte et dependance": deuxiemement, tout en gardant des rapports cooperatifs avec les gens qui ne font pas partie des Hommes de Saite Marie, ils continuent en meme temps a se lier aux couches dominantes feodales, meme apres la formation de la commune. Ces deux aspects ne se sont point en contradiction, ou plutot, les Hommes de Sainte Marie ont etabli leur puissance, en ayant des rapports equilibres avec ces deux groupes qui soit s'opposent soit s'arranget. Nous voudrions ajouter en dernier lieu qu'il nous apparait que les caracteres mentionnes ci-dessus des Hommes de Sainte Marie resident aussi dans ceux de la ville medievale occidentale qui essayait, par l'intermediaire de la commune, a se fixer dans la societe feodale.